En quoi un film porno destiné aux femmes diffère-t-il d'un autre, destiné aux hommes ? Pour Petra Joy, réalisatrice de films X pour femmes, le porno classique « infériorise souvent les femmes et les font passer pour de simples jouets ». Ce qui diffère dans ses films, ce sont essentiellement les pratiques (pas de fellation forcée) et l'absence d'artifices : les acteurs ne sont pas professionnels, la manière de tourner moins intrusive...
Petra Joy, réalisatrice de films X, a été couronnée d’un « Porna Award », un prix qui récompense les meilleurs pornos féminins. Une consécration pour cette féministe partisane du do it yourself, qui a décidé de se mettre dans ce créneau pour lutter contre le sexisme ambiant qui règne dans les films X « classiques », mais aussi contre la mainmise qu’ont les hommes dans ce secteur du cinéma : « Beaucoup de ces films dégradent les femmes et nous devons changer ça. En tant que féministe, c’est important parce qu’on peut se demander pourquoi on laisserait aux mains des hommes toute une catégorie de films », explique-t-elle. Interviewée par le Huff Post, elle revient sur sa carrière et le milieu du porno.
Du respect et des scènes pensées pour les femmes
Pour commencer, les pratiques diffèrent : dans les films de Petra Joy, pas de fellation forcée (« une mode inquiétante », juge-t-elle) ni d’éjaculation sur le corps de la femme. Sans pour autant tomber dans le sexe édulcoré et romantique, la réalisatrice s’attache à montrer « des personnes qui traitent les autres avec respect ». Contrairement aux films « faits par des hommes pour des hommes », elle s’attarde sur le corps de l’homme, ses muscles, ses fesses, son visage. Un parti-pris, qui correspond à ce que la femme voudrait voir : « L’une de mes marques de fabrique est de montrer un homme seul en train de se masturber devant des femmes qui le regardent – en tant que femme hétéro, j’ai envie de voir un homme se donner du plaisir ».
Authenticité et acteurs amateurs
Petro Joy ne réalise pas ses films de la même manière qu’un réalisateur de porno lambda. Pour elle, pas question de filmer une performance orchestrée : l’important est de laisser une place à la spontanéité. « C’est important pour moi que le sexe se développe sur le tournage », explique-t-elle, « j’aime être surprise or, parfois, les gens dans mes films font des choses auxquelles je ne m’attendais pas, et ça, c’est excitant ». Pour avoir ce genre de surprise, elle laisse les choses se faire. Lors du tournage, pas d’éclairage spécial, pas de « Coupez ! » ni de gros plans. D’ailleurs, elle ne tourne pas avec des acteurs porno professionnels. Un bon moyen d’éviter « la léthargie qu’on lit dans les yeux » et « l’artifice ».
Source : terrafemina.com