Les jeunes artistes de la Biennale racontent le monde à leur manière : avec mélancolie ou révolte, de l’intimité au réseau social. Partout en ville, de la Sucrière à l’église Saint-Just. Inventaire.
1 La Sucrière
Cette année, la Biennale se la raconte. Avec comme mots d’ordre « Entre-temps, brusquement et ensuite »
« Je voulais savoir comment les jeunes artistes formalisent leur narration. Pour la plupart, ils ont grandi avec Internet et le numérique, ça a influencé leur pensée, leur travail et la façon dont ils l’organisent », explique Gunnar B. Kvaran, le commissaire de cette édition 2013.
Le résultat est assez mélancolique. Tavares Strachan et son installation vidéo à l’ambiance scolaire abordent la question de la défiance, en rappelant en cinq tableaux l’histoire de Sally Ride, héroïne américaine de la conquête spatiale, délaissée et oubliée car homosexuelle et trop singulière pour l’Amérique. Le collectif chinois « Madeincompany », un « musée des activités physiques et de la conscience ». Une vraie salle de musée à l’ancienne qui se penche pour observer non pas des trésors et autres raretés, mais des sentiments, des actions ou des réflexions.
Heureusement, il y a l’octogénaire Yoko Ono pour mettre un peu de douceur dans ce monde de brutes, avec une série d’images illustrant un thème qui lui est cher, la maternité.
2 Le MAC
Au musée d’Art Contemporain, on revendique. Glenn Kaino propose une estrade dorée et une série d’images qui racontent les 19,83 secondes de la performance de Tommie Smith, l’athlète au bras levé des JO de 1968. La magnifique installation vidéo de Lili Reynaud-Dewar et sa chambre singulière, emplies de bassines bouillonnantes, sont un prétexte à évoquer le combat pour l’égalité des races.
Même le drôle d’attelage de chevaux à bascules et de gargouilles de Mary Sibande est une allégorie sur l’apartheid. Tout comme les tableaux circulaires de Meleko Mogosi dénoncent le colonialisme. Nobuaki Takekawa a même installé une véritable galère pour raconter l’économie mondiale et ses diktats. Et aussi la catastrophe de Fukushima.
Mais on n’oublie pas la poésie. Les trois chouettes hypnotiques d’Ann Lislegaard, le désordre ménager de Bjarne Melgaard ou le salon cosy (moquette, canapé, bibliothèques et écrans géants) de Tracartin et Fitch sont des propositions ouvertes, racontant le monde actuel, entre intimité et réseau social.
3 La fondation Bullukian
On y retrouve les photos de Roe Ethridge, l’artiste à qui l’on doit les images de la Biennale. Dans le jardin de la fondation, on retrouve la malice de Yoko Ono. Elle demande à chacun d’écrire un message : « Racontez-moi vos rêves d’été ». Mais c’est sur un écran géant installé dans l’herbe du jardin que l’on peut lire les rêves estivaux des amis de Yoko Ono…
Source : www.leprogres.fr