Prix, performances, stratégie, technologie... LExpansion.com a interrogé trois spécialistes pour connaître leurs avis sur les points forts et les faiblesses des nouveaux iPhone. Leur verdict.
Faute de réelle surprise - toutes les informations avaient déjà été publiées sur le web - Apple a eu du mal à provoquer les réactions enthousiastes des foules avec ses deux derniers smartphones, les iPhone 5C et 5S. La réaction de Wall Street reflète d'ailleurs ce pessimisme, en poussant l'action de la firme de Cupertino en dessous des 500 dollars.
Pour essayer de comprendre pourquoi, nous avons interrogé trois analystes influents du monde de la high-tech - Nathan Brookwood, Rob Enderle et Roger Kay - sur les dernières annonces d'Apple. Voici ce qu'ils retiennent des atouts et des faiblesses des nouveaux iPhone.
Rob Enderle, analyste indépendant: "L'iPhone 5C, pas vraiment low cost"
Le moins: le "faux low cost". Je ne vois pas comment on peut parler de smartphone "low-cost" pour l'iPhone 5C alors que son prix démarre à partir de 600 euros ! Il est pourtant possible de faire beaucoup moins cher et de gagner de l'argent, comme Archos par exemple, avec une gamme qui démarre à moins de 100 euros. Je pense qu'Apple a fait une erreur en jouant la carte du "faux" low-cost. Une stratégie que l'entreprise avait déjà essayée sur le marché du PC dans les années 90 et qui a failli la tuer. Steve Jobs doit certainement se retourner dans sa tombe. Apple n'a pas l'avantage des bas coûts, comme l'aurait Samsung dans les mobiles ou Dell dans les PC. En revanche, c'est le positionnement "premium" d'Apple qui a sauvé la marque.
Le moins: les performances. L'autonomie et les performances sont aussi décevantes. C'est d'ailleurs pathétique de voir Apple comparer la puissance de son dernier processeur A7 à celui du premier iPhone - 40 fois plus puissant - pour créer un peu de bruit.
Les plus: le lecteur d'empreintes et le co-processeur M7. Parmi les points positifs, je note la reconnaissance des empreintes digitales et la présence du co-processeur de mouvement M7, dédié notamment aux applications de fitness. Deux technologies que l'on devrait voir rapidement dans d'autres smartphones.
Roger Kay, Endpoint Associates: "En offrant iWork et iLife, Apple répond à la menace Microsoft"
Le plus: l'iPhone 5C. Contrairement à beaucoup, je pense que la sortie de l'iPhone 5C est une bonne chose pour Apple. Ils ont enfin une solution clairement identifiée comme entrée de gamme visant notamment les marchés émergents - C pour Chine ? - et les abonnements prépayés.
Le plus: iWork et iLife. Donner gratuitement ses suites bureautiques et multimédia, respectivement iWork et iLife, permet aussi de contrer l'éventuelle menace Microsoft, qui offre Office avec sa tablette Surface RT.
Le moins: pas de surprise. Il est dommage qu'il n'y ait plus de "One more thing" dans les présentations d'Apple. Steve Jobs savait nous faire rêver et nous surprendre. Aujourd'hui, tout était connu d'avance, c'est un problème pour Apple qui ne peut plus préserver le secret sur ses produits. Et il manquait cette surprise, comme une montre iWatch par exemple.
Nathan Brookwood, Insight64: "Apple a une avance d'au moins 9 mois avec sa puce 64-bits"
Le plus: le processeur 64-bits. Apple a dévoilé la première puce ARM 64-bits, tout marché confondu (mobile, PC et serveur). Un tour de force que personne ne pourra égaler avant le milieu de l'année prochaine. Les puces 64-bits conçues par ARM - et utilisées par la majorité des constructeurs comme Samsung ou Nvidia - ne sont pas aujourd'hui assez stables pour être commercialisées, tandis que Qualcomm a clairement indiqué qu'il n'y a pas d'intérêt à avoir une puce 64-bits dans un mobile. Et c'est vrai, notamment du point de vue de la performance. Si la puce A7 est jusqu'a deux fois plus rapide que son prédécesseur, ce n'est en revanche pas lié au 64-bits versus 32-bits, mais à l'amélioration de son architecture et des composants internes.
Le moins: un processeur trop en avance? Seules certaines applications Apple tournent sous 64-bits et il faudra des années avant de voir une telle transition se réaliser. Le problème est qu'une application 64-bits ne fonctionne pas sur un processeur 32-bits, qui aujourd'hui représente 100% des iPhone et iPad. Le véritable avantage du 64-bits est de pouvoir gérer une mémoire interne au delà de 2 Go. Or aujourd'hui, les iPhone et iPad sont encore livrés avec seulement 1 Go. Mais sur le plan marketing, Apple pourra jouer sur l'imagination des consommateurs qui croiront que 64-bits est meilleur que 32-bits, comme il l'a déjà fait pour la densité de ses écrans Retina. Cette nouvelle puce A7 pourrait cependant ouvrir la possibilité d'un portable du style Macbook Air équipé d'une puce ARM 64-bits au lieu d'Intel. Mais là encore, ce n'est pas encore pour tout de suite.
Le plus: le premier smartphone avec processeur de mouvement. Enfin, le co-processeur M7 va ouvrir la porte de nombreuses nouvelles applications qui pourront utiliser les capteurs de l'iPhone en permanence, pour calculer les mouvements, la proximité ou encore la direction de l'utilisateur. Ce n'est pas un concept nouveau, puisque ST Microelectronics par exemple commercialise déjà des processeurs de mouvement ou "motion hub". Mais c'est en tout cas le premier dans un smartphone.
Source : www.lexpress.fr